Colloque
Date : 21 novembre 2013 - 22 novembre 2013
Après l’exceptionnalisme français et américain, ont peu à peu émergé les notions d’exceptionnalisme chinois, indien, islamique, et, plus récemment, africain. On s’interroge aussi sur l’existence d’un exceptionnalisme européen, idée qui peut surprendre au moment où le débat porte au contraire sur l’identification et la protection des identités constitutionnelles des États à l’intérieur de l’Europe. L’exceptionnalisme opposé par certains pour se préserver de contraintes internationales auxquelles ils n’adhèrent pas, ou avec des réserves, pousse chaque État à s’interroger sur son identité, sur ce qui le démarquerait des autres et en ferait également une exception. Chacun revendique la reconnaissance de son exceptionnalisme comme fruit de l’Histoire, de la culture. Il exprime quelquefois une idéologie, une forme de pouvoir, voire une forme de domination pour justifier une approche spécifique en matière de droits et libertés. L’un des premiers objectifs de ce colloque sera de déterminer ce que l’on entend par exceptionnalisme : est-ce un synonyme de l’identité ? Est-ce un particularisme ? Est-ce la même chose que le relativisme culturel ? Autant de thèmes évoqués par la doctrine mais qui ne semblent pas revêtir une dimension et des conséquences aussi absolues que porte le terme d’exceptionnalisme. Une fois cette définition clarifiée, il conviendra d’identifier quelles sont les causes historiques, politiques, culturelles, institutionnelles, économiques de l’exceptionnalisme à travers le thème de la construction de l’exceptionnalisme. Dans le prolongement de cette réflexion, ce colloque posera la question des fonctions de l’exceptionnalisme ; seront également recherchées les raisons qui justifient ces revendications d’exceptionnalismes. Quelques cas seront étudiés à travers la concrétisation de l’exceptionnalisme autour de certains droits et libertés emblématiques : la liberté d’expression, la liberté religieuse, les droits de procédure et l’égalité. Ce sont, en effet, les droits et libertés sur lesquels les différences d’approche entre les États semblent les plus manifestes. Enfin, une confrontation de ces exceptionnalismes aux réalités des relations internationales, et de la circulation des idées et des solutions juridiques, pousse à faire état des limites à l’exceptionnalisme national. L’exceptionnalisme a-t-il vocation à résister voire à se développer au détriment de l’universalité des droits de l’homme ou, au contraire, sa revendication exprime-t-elle de simples inquiétudes face au mouvement, qui semble irrésistible, de globalisation ?
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