Journée(s) d'étude
Date : 27 mai 2014
Journée d’étude organisée par le groupe Traitements et Contraintes et le Collectif Contrast.
Le groupe Traitements et contraintes rassemble de jeunes chercheurs travaillant sur des dispositifs institutionnels (hôpital, prison, école, centres éducatifs fermés, maisons de retraite, centres de rétention, foyers, unités ambulatoires en psychiatrie, Samu social, centres de soin ambulatoire en addictologie etc.) prenant en charge des publics variés, souvent considérés comme « vulnérables » autour d’une réflexion sur les traitements qui sont déployés dans ces espaces et qui impliquent des niveaux et des formes de contrainte différents. Refusant d’opérer une distinction nette entre des dispositifs bienveillants (de soin notamment) et des institutions sécuritaires (qui exerceraient le monopole de la violence légitime), le groupe s’intéresse de façon comparative – sans réduire les réalités multiples à un modèle unique ‐ aux propriétés organisationnelles de ces lieux, ainsi qu’aux normes et pratiques professionnelles qui y ont cours, pour explorer les différentes modalités d’emprise sur l’individu à l’œuvre dans ces espaces.
Pour sa troisième journée d’étude de 2013‐104, il s’associe au Collectif Contrast, qui mène un programme de recherche interdisciplinaire (sociologie, droit, philosophie) sur les recompositions des régulations des pratiques de soin en santé mentale.
Cette journée d’étude, organisée en commun aborde la question des régulations de la contrainte, des modalités de leur formation et de leur mise en œuvre au sein de différents dispositifs institutionnels de prise en charge. Quelles sont les normes visant à conformer les pratiques de la contrainte à certaines valeurs, comment sont‐elles énoncées et mises en application ?
La contrainte se définit comme l’exercice d’une emprise de l’institution sur les publics dont elle a la charge. Si cette emprise peut s’exercer à travers la force physique, elle recouvre aussi, dans de nombreux cas, des pratiques d’imposition moins spectaculaires. Ces pratiques, dont la qualification (notamment en termes de violence ou de maltraitance) et la légitimité sont objets de débats, se situent dans une zone grise dans laquelle différents types et niveaux de régulations sont à l’œuvre. Une remise en question de la légitimité de cette emprise et la formulation de limitations dans l’exercice de la force et de la domination de l’institution sur l’individu (Laforgue, Rostaing 2011) s’amorce à partir de plusieurs dynamiques : la diffusion d’un discours de l’État de droit et les droits de l’homme (Salle 2009 ; Bouagga 2013) ; la reconnaissance des usagers des services publics, en particulier dans les services sociaux et médico‐sociaux (Langlois 2007 ; Lhuillier 2009 ; Loffeier 2013) ; la diffusion d’une réflexion éthique sur la nature du traitement institutionnel, sa nécessaire humanisation, et l’équilibre entre les logiques de soin et de sécurité (Eyraud, Moreau 2013). La régulation de la contrainte et l’organisation du travail institutionnel qui découle de cette régulation deviennent alors un enjeu de politique publique.
En s’appuyant sur des approches empiriques, cette journée d’étude a pour ambition d’explorer comment des formes plus ou moins spectaculaires de la contrainte sont mises en problème, quels types de réponses sont formulées, et les effets des dispositifs régulateurs sur les pratiques des agents de l’institution.
- En savoir plus : Site Traitements et contraintes