Les dimensions genrées des violences contre les partenaires intimes : comprendre le sens des actes et le sens de la peine pour les auteurs afin de mieux prévenir et réduire ces violences (GENVIPART)
Mise à jour décembre 2019
MACÉ Éric
Centre Emile Durkheim (UMR 5116), Université de Bordeaux
Recherche débutée en 2019 - Achevée en 2022
Référence : 19.28
Type de projet : Projet spontané
Présentation de la recherche
Les violences entre partenaires intimes, qui sont massivement des violences masculines contre des femmes, sont devenues un problème public prioritaire. Les politiques publiques s’orientent dorénavant vers une protection accrue des victimes, notamment en ce qui concerne l’exposition de ces victimes au risque de mort. Cependant, au regard de la récurrence de ces violences sous leurs formes ordinaires ou meurtrières, il apparaît que la question de la cause de ces violences soit moins directement posée. Soit parce que cela ne concernerait que des personnalités violentes, soit, à l’inverse, parce que cela serait l’effet d’une domination masculine impersonnelle. Ce projet de recherche propose d’aller au-delà en faisant l’hypothèse qu’il existe de « bonnes raisons » sociales et psychosociales pour que des hommes, et certaines femmes, deviennent des partenaires violents. Ce cadre de raisonnement se fonde sur l’analyse des dimensions genrées de la conjugalité et de ses crises relationnelles et psychiques, et sur une double hypothèse relative aux masculinités et aux féminités contemporaines. L’hypothèse historique est relative au passage à une conjugalité dorénavant fondée sur l’égalité de genre au sein d’un monde social qui ne l’est pas encore véritablement. L’hypothèse psychosociologique est relative aux difficultés de ce passage à l’égalité conjugale, notamment pour des masculinités - et des féminités - encore marquées par des formes différentiées (genrées) de socialisation, d’identification et d’estime de soi. En ce sens, ces violences entre partenaires intimes seraient le produit d’un défaut de réflexivité critique sur les identités de genre et sur leurs conséquences relationnelles, un défaut concernant à la fois les personnes concernées et la plupart des acteurs qui interviennent sur le problème. Pour vérifier cette hypothèse d’une dimension genrée qui serait pour une grande part explicative de ces violences, cette recherche propose une approche compréhensive auprès des auteurs de violence et auprès des acteurs qui la prennent en charge tout au long de la chaine pénale, y compris sous forme de groupe de parole ou de dispositif de soin. L’enquête portera d’une part sur les profils sociodémographiques et d’autre part sur la dimension réflexive concernant les pratiques violentes et leurs formes de prise en charge, en explorant le sens de la peine telle qu’elle est ordonnée par les uns et vécue par les autres. L’opérationnalisation des résultats de cette recherche pourra conduire à mieux repérer, prévenir et réduire ce type de violence via des actions dédiées envers leurs auteurs. Prévue sur 3 ans, cette recherche est conduite par une équipe pluridisciplinaire de l’Université de Bordeaux composée de spécialistes de la question en droit, sociologie, psychologie et démographie.
Mots-clés: violence, genre, conjugalité, auteurs, peine
Abstract: Gendered dimensions of violence against intimate partners: understanding the meaning of acts and punishment for the authors to better prevent and reduce such violence
Intimate partner violence, which is massively male violence against women, has become a priority public issue. Public policies are now moving towards greater protection for victims, particularly with regard to their exposure to the risk of death. However, in view of the recurrence of such violence in its ordinary or deadly forms, it appears that the question of the cause of such violence is less directly raised. Either because it would only concern violent personalities, or, conversely, because it would be the effect of impersonal male domination. This research project proposes to go beyond this by assuming that there are "good" social and psychosocial reasons for men, and some women, to become violent partners. This framework of reasoning is based on the analysis of the gendered dimensions of conjugality and its relational and psychological crises, and on a double hypothesis relating to contemporary masculinities and femininities. The historical hypothesis is related to the transition to a conjugality now based on gender equality within a social world that is not yet truly so. The psychosociological hypothesis relates to the difficulties of this transition to marital equality, particularly for masculinities - and femininities - still marked by differentiated (gendered) forms of socialization, identification and self-esteem. In this sense, this violence between intimate partners would be the product of a lack of critical reflexivity about gender identities and their relational consequences, a lack that concerns both the persons concerned and most of the actors involved in the problem. To verify this hypothesis of a gendered dimension that would largely explain this kind of violence, this research proposes a comprehensive approach with the perpetrators of violence and with the actors who take care of it throughout the criminal chain, including in the form of a discussion group or care process. The survey will focus on socio-demographic profiles and on a comprehensive approach of violent practices and their forms of institutionnal treatment, exploring the meaning of penalty as ordered by some and experienced by others. The operationalization of the results of this research could lead to better identification, prevention and reduction of this type of violence through actions dedicated to their perpetrators. Planned over 3 years, this research is conducted by a multidisciplinary team from the University of Bordeaux composed of specialists in law, sociology, psychology and demography.
Keywords: violence, gender, intimate gender, perpetrators, penalty
Note de synthèse : Document non disponible
Rapport de recherche : Document non disponible